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Maître composteur : un métier au coeur des grands enjeux environnementaux

11/02/2023 | Maître composteur Point de vue
PFPierre FELTZ nous parle de 4 approches qui selon lui permettront de répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux de demain.

Nous n’avons plus le temps de proposer des solutions partielles aux enjeux globaux. Les MC font partie des professionnels qui se situent au carrefour de ces urgences, qui ont la chance de pouvoir s’adresser à une population importante (17 millions de jardiniers en France) pouvant agir concrètement, à petite échelle, par la mise en œuvre de solutions simples, pour favoriser la biodiversité ordinaire, prendre soin du sol, produire une alimentation d’appoint de qualité, participer à la préservation de l’eau… Ça n’est pas rien, c’est bien ici qu’il faut agir. Nous utilisons des leviers positifs qui s’appellent l’éducation à l’environnement, l’accompagnement de projets pilotes, le déploiement des dispositifs approuvés. Cela peut passer entre autres par la démonstration sur des sites-écoles où « ça marche », par l’appui d’une communication forte, originale, non culpabilisante et… joyeuse !

  Un premier enjeu essentiel dans les années à venir pour notre métier est donc selon nous – tout en gardant au cœur de notre métier la prévention et gestion de proximité des biodéchets (PGPROX) - de développer les compétences professionnelles des MC autour de ces thématiques qui sont au centre de nos jardins.
En cela, la formation continue des MC est essentielle. Il ne s’agit plus simplement de placer le compostage comme seul axe de développement de nos projets, mais de relier la gestion de la matière organique aux connaissances et réalisations en faveur de la biodiversité, du sol, de l’eau, de l’alimentation, du jardinage au naturel.

jardins

Crédit photo: RCC AURA

  De fait, un deuxième enjeu porte sur le partenariat avec les acteurs professionnels des thématiques dénommées ci-dessus. Un maître composteur ne pourra pas embrasser toutes les compétences : réaliser un audit sur le gaspillage alimentaire dans un hôpital afin d’accompagner l’établissement dans un plan d’action est un métier à part entière. Le travail des MC sera – pour mieux intégrer et impliquer - de connaître les fondements de la lutte contre le gaspillage alimentaire, dispositifs, réseaux professionnels et acteurs des territoires.

  Un troisième enjeu est de mutualiser, partager, collaborer sur nos actions afin d’en accélérer les mises en œuvre, d’en décupler l’efficience, la reconnaissance, la légitimité. En cela, l’appartenance aux réseaux professionnels est un atout majeur. En la matière, nous pouvons nous réjouir en France d’avoir un réseau jeune, actif et porteur de valeurs autant que de projets collectifs, le Réseau Compost Citoyen, qui se décline dans toutes les régions. Il regroupe individus, collectivités de toutes tailles, associations et entreprises qui œuvrent pour la PGPROX. Si les professionnels des déchets sont le moteur de la multiplication actuelle des projets, ceux-ci ne peuvent tenir dans le temps que par le fait de l’implication citoyenne, des liens, initiatives et participation du plus grand nombre. Une mission essentielle des MC aujourd’hui est d’animer des réseaux de relais de terrain, de les faire vivre afin que les projets tiennent dans le temps, essaiment… et se bonifient avec l’apport d’idées et d’énergie nouvelles !

  Un quatrième enjeu est le mouvement que l’on doit réaliser vers les élus. Nos décideurs… décident ! Mais ils décident au regard de leurs connaissances, préoccupations, représentations … et autres contraintes ou nécessités. À nous d’aller vers eux, d’en trouver les moyens, pour participer à une acculturation progressive autour de ces enjeux. Saluons l’initiative du RCC national qui vient de mettre en place un réseau d’élus intéressés à ces questions.

En filigrane, il conviendra de garder un œil sur notre tableau de bord « planète ». Nous pouvons participer au retour au sol de la matière organique en donnant une priorité aux outils low-Tech : moins de moteurs pour entretenir nos jardins, plus d’humains pour apprendre à gérer collectivement nos déchets et à changer de regard sur la matière organique, sur le sol, sur la diversité de vie qui nous entoure. Il reste encore beaucoup à expérimenter, trouver, adapter !